Patachitra du Bengale
Exposition

Du jeudi 10 mars au samedi 16 avril 2011 - Paris

Patachitra du Bengale Rouleaux peints des conteurs ambulants
  • Jeu 10 mars 2011 à 13:00 - Paris - Galerie Frédéric Moisan

Dans cette partie du Nord-Est de l’Inde, la création orale, littéraire et graphique, se révèle d’une richesse insoupçonnée, depuis les temps les plus reculés. Déjà, les grands voyageurs Marco Polo et Ibn Battuta mentionnaient, dans leurs récits, l’imagination et l’habileté des artistes de l’Orissa et du Bengale.

Une tradition populaire existe encore dans les villages du district de Medinipur, à l’ouest de Calcutta, celle des conteurs ambulants, les patachitra, (en sanscrit, comme en bengali, pata signifie étoffe et chitra peinture), qui peignent, eux-mêmes, les thèmes des récits qu’ils chantent, dans les rues, pour les passants. Les graphismes très colorés se répartissent en panneaux successifs, formant des bandes de papier, souvent encollées sur des toiles.

La Maison des Cultures du Monde et le Festival de l’Imaginaire, qui s’attachent à faire connaître les formes de création souvent cachées, présentent cet « art modeste » et néanmoins somptueux, témoin d’une culture encore forte.

Chaque rouleau (pata, patua, potua, putua, selon les prononciations locales) mesure entre un mètre et demi et cinq mètres. Le conteur, ou la conteuse, se tient devant l’assistance et le maintient, à hauteur des yeux des spectateurs, en déroulant d’une main les images verticalement, de haut en bas et en indiquant de l’autre main le personnage, le lieu ou le détail important, mentionné à point nommé dans son récit chanté-parlé, le pater gaan. Exceptionnellement l’illustration ne tient que sur un seul panneau.

Les conteurs, appelés patua ou chitrakar, en même temps peintres exceptionnels, reproduisent selon une tradition qui leur est propre des figurations fabuleuses héritées de leurs parents ou de leurs proches. Des aplats de couleurs lumineuses, cernés de traits sombres, accompagnent des techniques simples, donnant l’impression de mouvement : lignes parallèles pour les plis des vêtements, pointillés pour les pelages des animaux bondissants, traits sinueux pour les rivières et les eaux.

Ils utilisent des teintes végétales ou minérales qu’ils fabriquent eux-mêmes, en broyant des matières naturelles avec un liant : des graines de tamarin, bouillies, puis soigneusement écrasées.

Les pinceaux, faits de poils d’animaux domestiques, fixés sur des brindilles, voisinent avec des brosses façonnées à partir de fétus d’herbe ou de paille de graminées.

Les sujets des peintures abordent les thèmes mythologiques, historiques ou religieux variés, les villageois de la région se situant entre hindouisme et islam. Des épisodes du Râmâyana, du Mahâbhârâta, du Raslila et des Purana, voisinent avec des fragments du Gazi Pir, histoire du courageux Ismail Gazi, un général musulman qui servit le sultan Barbak au xve siècle, avec des thèmes actuels tels que la protection des arbres, des forêts et des poissons, les menaces d’épidémies, les ravages du tsunami, les effets du 11 septembre.

L’inspiration ne cesse de s’enrichir, de même que le traitement graphique, pouvant se rapprocher, parfois, de l’art brut ou des peintures de l’inconscient.

Françoise Gründ

Cette exposition est réalisée en partenariat avec banglanatak dot com

Informations pratiques

Dans le cadre du 15e Festival de l'Imaginaire

galerie_frederic moisan
72 rue Mazarine
75006 Paris
M° Mabillon ou Odéon
Du mardi au samedi, de 11h à 19h

Entrée libre