Tembang Sunda

© Marie-Noëlle Robert

Concert

Dimanche 5 avril 2009 - Paris

Tembang Sunda Indonésie - Chant courtois de Java-ouest
  • Dim 05 avril 2009 à 17:00 - Paris - Auditorium du Louvre

L'Extrême Orient offre une rare variété de formes musicales de chambre. Autant de témoignages de l'extraordinaire raffinement de ces civilisations. Mais la plus suave de toutes, celle qui touche le mieux le public occidental en le plongeant dans une mélancolie délicieuse, c'est le tembang sunda.

Ce genre poétique, vocal et instrumental s’est épanoui à l’ouest de l’île de Java, dans la région montagneuse du Preanger et dans les villes de Bandung, Cianjur, Garut et Sukabumi. Nous sommes-là au cœur de Sunda, une région dont la langue, les coutumes et les formes artistiques sont très différentes du reste de Java et que l’on identifie au royaume de Pajajaran, dernier royaume hindouisé de Java, disparu au XVIe siècle après avoir été vaincu par le sultanat musulman de Banten.

Musique intimiste et subtile, le tembang sunda vit le jour au XIXe siècle à la cour du régent de Cianjur et se répandit ensuite dans tout le pays sundanais. Tout mélomane sundanais habitué des salons de musique de la bourgeoisie cultivée, y voit le meilleur moyen d’échapper à la trivialité de la vie quotidienne. Qui ne vibre à l'écoute de ces chants qui évoquent la nostalgie du passé glorieux du royaume de Pajajaran et les hauts faits de ses héros, décrivent de merveilleux paysages de lacs et de montagnes, expriment le sentiment de solitude, la déception amoureuse et le mal du pays dans un style qui, plus que tout autre, incite à la contemplation.

Pour y parvenir, une grande économie de moyens. Une chanteuse, une flûte et deux cithares. Tout d'abord le kacapi indung, la grande cithare « mère », qui introduit le chant puis escorte la chanteuse pas à pas dans un style rubato, ensuite la flûte suling qui « enrubanne » le chant de ses volutes languissantes et lui répond par de délicates variations mélodiques, enfin le kacapi rincik, la cithare « véloce », qui dans un rythme parfaitement régulier et un tempo deux fois plus rapide tisse le tapis sonore sur lequel repose l'ensemble. Voilà qui suffit à interpréter ces petites suites vocales introduites par un prélude instrumental et conclues par un panambih exécuté dans un style plus léger.

Nani Sukmawati appartient à la nouvelle génération de chanteuses de tembang sunda, celle qui succède aux grandes Euis Komarya, Imas Permas et Ida Widawati. Sa présence faite d'un mélange de séduction et de retenue, sa voix émouvante dans le medium et gracieuse dans les aigus, son interprétation toute en délicatesse la placent désormais parmi les plus grandes. Cinq ans après sa première apparition en France aux côtés d'Ida Widawati sur la scène de la Maison des Cultures du Monde, elle revient, cette fois en chanteuse soliste, pour notre plus grand bonheur.

Pierre Bois

Informations pratiques

Dans le cadre du 13ème Festival de l'Imaginaire
Dans le cadre des Concerts de musique du monde islamique
 

Distribution

Nani Sukmawati, chant
Dede Suparman, kapaci indung
Lili Rohili, suling
Taufik Nurhidayat, kapaci rincik