Le masque, cet accessoire énigmatique et sans destination utile, est plus répandu que le levier, l'arc, le harpon ou la charrue. Des peuples entiers ont ignoré les plus humbles, les plus précieux ustensiles. Ils connaissent le masque. Des civilisations, parmi les plus remarquables, ont prospéré sans avoir l'idée de la roue. Le masque leur est familier.
Roger Caillois
Le 12ème Festival de l’Imaginaire présente, cette année, plusieurs spectacles ritualisés où les porteurs de masques, jouent des rôles spécifiques et dont certains constitueront pour le public une source de découvertes, puisqu’ils franchissent, pour la première fois, les frontières de leur village ou de leur région.
Ces ritualistes, acteurs ou danseurs, savent ce que signifie fabriquer un masque, porter un masque, « faire le masque », arracher un masque, le jeter, ou le dissimuler, le piétiner, le brûler ou le noyer dans la rivière. Face à l’objet ou dans l’objet, ils se situent dialoguant avec une créature, un être vivant possédant souvent d’extraordinaires pouvoirs.
En dehors des momeries médiévales et des carnavals, l’Occident ignore maintenant presque tout du masque, alors que pour les humains des autres régions du monde, il constitue un point de départ pour les voyages dans la surnature.
Le masque, signe évident de supériorité, dialogue en permanence avec la peur, la peur infligée volontairement et la peur reçue. Son action gère la violence et toutes les conséquences qui en découlent, magie et rituels de mort compris. Paradoxal, il dénude autant qu’il dissimule.
Multiples se dévoilent précisément les paradoxes concernant cet objet mystérieux.
Au cours de la table ronde, des spécialistes échangeront des propos concernant leur expérience sur un terrain particulier. Ils s’interrogeront également sur les problématiques de sauvegarde ou de survie des expressions masquées.
Un échange avec le public permettra d’affiner certaines approches d’actants ou de spectateurs, dont certains se souviendront que « chez les Grecs, l’hypocrite est celui qui parle au travers du masque », « cet outil pour le hors-limites, qui place l’humain loin de ses propres frontières » selon Jean Duvignaud.
Françoise Gründ