La 'aïta

© François Guénet

Concert

Samedi 9 avril 2011 - Paris

La 'aïta Maroc - Avec l’ensemble Ouled El Bouazzaoui
  • Sam 09 avril 2011 à 20:30 - Paris - Institut du Monde Arabe

C’est dans les vastes plaines de la Chaouia, d’Abda et de Doukkala et dans les régions avoisinantes du Haouz et de Zaër, entre Atlas et océan Atlantique, que les vaillants cavaliers d’origine arabe cultivèrent la tradition séculaire de la ‘aïta. Comme l’indique son nom, cet art fut d’abord un cri, un appel au ralliement des combattants : en effet, ‘aïta signifie « cri », « appel » en arabe dialectal marocain. Mais aussi complainte amoureuse et lamentation voluptueuse…

La ‘aïta est une survivance de la culture des tribus arabes bédouines établies au Moyen Âge au Maroc, lesquelles portèrent aussi à la perfection bien d’autres pratiques ancestrales telles que l’improvisation poétique, la cavalerie et la fauconnerie. D’ailleurs, le rythme principal n’est-il pas une imitation du trot et des salves de poudre ?

Par son inspiration épique et son univers poétique, la ‘aïta se rattache à la geste hilalienne, cette merveilleuse épopée arabe composée sous forme de chroniques entre les xie et xive siècles. Elle relate la vie des hommes dans leur milieu naturel à travers des thèmes récurrents, ceux de l’amour, de la volupté et de la séduction. Les poèmes traduisent à tel point les événements majeurs de la société qu’ils constituent les annales des tribus et des régions. Réputée art libertin, la ‘aïta se fait aussi, à l’occasion, chant sacré et en appelle à Dieu et aux saints locaux. Naguère, chaque tribu, chaque contrée possédait son propre ensemble musical, dont les membres, manières de troubadours, pouvaient en certaines circonstances se déguiser en femmes, ou accompagner les chikhâte, chanteuses et danseuses professionnelles.

Au fil des siècles, plusieurs genres sont apparus. Chacun – el-Hasbaouia, el-Azzaaria, el-Haouzia, el-Jablia, el-Gharbaouia, el-Marsaouia, el-Mallalia – dit à sa manière les plaintes et les désirs, les joies et les souffrances.

La troupe des frères Ouled Bouazzaoui est tenue pour l’une des plus réputées dans l’art de la ‘aïta. Son fondateur, Cheikh Bouazzaoui, est l’un des monuments de cet art, en particulier le genre el-Marsaouia, qu’il aura su sauvegarder pendant près de cinquante ans. Les frères ont largement contribué à la naissance, voici dix ans, du Festival national de la ‘aïta, organisé à Safi sous l’égide du Ministère de la Culture. Au cours de ces dix dernières années, leur troupe s’est produite sur les cinq continents.

Aujourd’hui, tous les groupes de cet art traditionnel animent les réjouissances liées aux événements extraordinaires de la vie sociale citadine ; les orchestres sont tenus d’interpréter ce qui est désormais considéré comme un patrimoine en pleine mutation, vers un genre plus populaire dit châabi, davantage dans l’air du temps.

Mohamed Métalsi

Informations pratiques

Dans le cadre du 15ème Festival de l'Imaginaire

Distribution

Mohamed Amrass
Radwan Amrass
Saleh Amrass
Khaled Amrass