La fugue de Zhubun et du fantôme
Spectacle

Mardi 13 et mercredi 14 avril 2010 - Paris

La fugue de Zhubun et du fantôme Taiwan - Opéra nanguan par le Gang-a-tsui Theater de Taipei
  • Mar 13 avril 2010 à 20:00 - Paris - Amphithéâtre Bastille de l'Opéra national de Paris
  • Mer 14 avril 2010 à 20:00 - Paris - Amphithéâtre Bastille de l'Opéra national de Paris

Fondée en 1993 avec pour mission la transmission de l’opéra nanguan – terme désignant à Taïwan l’opéra liyuan xi ou opéra du Jardin des Poiriers –, la compagnie Gang-atsui entame, sous la direction de Chou Yih-chang, un projet expérimental collectif. L’exploration du nanguan révélant toute la beauté et le raffinement de cette forme, mais aussi son lent et sûr déclin, Chou Yih-chang réfléchit alors à la manière d’intervenir sans trahir l’essence d’une tradition qui doit perdurer et en préservant certains de ses aspects immuables. Appliquant la devise du « moins, c’est plus », Gang-a-tsui rénove la tradition du nanguan par l’épure des mises en scènes et des scénographies, un rythme légèrement ralenti et une sobriété qui vise à faire ressortir la nature fondamentale de l’être humain. Cette vision de la modernité, ils ne l’ont pas cherchée en Occident, mais un peu plus au nord, au Japon, en s’inspirant de l’esprit du nô et du buto.

Pour la mise en scène de La fugue de Zhubun et du fantôme, Gang-a-tsui a fait appel à Tomoe Shizune et à sa compagnie Hakutobo. Disciple de Hijikata – le créateur du buto –, Tomoe Shizune apporte au spectacle une esthétique minimaliste. En ouverture de la pièce, un personnage de femme âgée, danseuse de buto, récite, en japonais, le prologue : « peu importe quand, peu importe où, le désir d’amour ne s’estompe jamais. Le corps peut disparaître, mais le désir persiste… ».

La fugue de Zhubun et du fantôme est une pièce du répertoire de l’opéra liyuan des dynasties Song et Yuan, une forme originaire des provinces méridionales de la Chine. Seules trois parties sont encore jouées aujourd’hui.

L’histoire se passe à Dongjing, capitale de la dynastie Song. Zhubun, jeune lettré désargenté échoue aux examens impériaux et ne réussit pas à percer dans le monde. Rejeté par sa famille, il est contraint de se réfugier dans une petite auberge tenue par Wang Hsinshou. Il se trouve que Wang et son épouse cachent un noir secret : ils ont, en effet, tenté de forcer Elepgim, leur fille adoptive, à se prostituer et l’ont torturée jusqu’à la mort car elle refusait d’obéir. Son fantôme revient hanter l’auberge et elle tombe amoureuse de Zhubun dont l’honnêteté la touche. Sous prétexte de vouloir emprunter une bougie pour allumer sa lampe, elle le visite régulièrement tard dans la nuit. Son charme et son espièglerie conquièrent le coeur du jeune homme. Celui-ci accepte de la jeune femme, en gage d’amour, une petite pochette brodée qu’il perd par mégarde. Le couple Wang la reconnaît aussitôt comme un objet provenant de la tombe de leur fille. Accusé de vol et devant faire face à la réalité de la mort ou de la non-existence de sa bien-aimée, pris de panique, Zhubun s’enfuit. Elepgim qui se refuse à voir leur amour disparaître fait tout ce qui est en son pouvoir pour reconquérir Zhubun et réussit à le convaincre qu’elle est toujours vivante. Grâce à ses efforts, les deux amoureux sont finalement réunis et s’enfuient ensemble, loin, très loin…

Pour Gang-a-tsui, il était important de rejouer cette pièce aujourd’hui, à une époque marquée par la vacuité de toutes choses et une surmédiatisation de la banalité. Dans La fugue de Zhubun et du fantôme, la vie, stérile, de ces deux êtres finit par s’illuminer en transcendant le fossé qui sépare la vie de la mort. La vieille femme n’est pas que la narratrice. Présente tout au long de la pièce, dans une attitude d’écoute profonde et silencieuse, elle incite et aide le spectateur à retrouver la permanence des sentiments humains que le vacarme de notre époque empêche de percevoir.

Arwad Esber

Informations pratiques

Dans le cadre du 14ème Festival de l'Imaginaire
Avec le soutien du Conseil National des Affaires Culturelles de Taïwan et du Centre Culturel de Taïwan à Paris

Distribution

Une mise en scène de Shizune Tomoe, sous la direction de Yih-Chang Chou
Avec les actrices-chanteuses 
Mei-hui Wet  
Ya-lan Lin  
Yi-ting Yeh  
Ming-i Wen

et  Yoko Ashikawa, danseuse  
Chia-Wen Chen, tambour ku  
Yu-Ning Liao, gong luo zi pai  
Yi-Yu sun, flûte di  
I-Lian Chen, vièle re shiuan  
Nian Hua Lin, vièle shan shiuan 
Chih-Cheng Hsu, luth pipa  
Hin-Cho Wong, hautbois suona