Le corps frêle, musclé et nerveux d’Eko Supriyanto dégage une force impressionnante. Danseur de talent, explorateur des mouvements et des formes, son travail est porté par son désir de parcourir et d’explorer d’autres cultures.
Né à Kalimantan (Bornéo), Eko se nourrit d’abord des danses de Magelang (Java Centre), ville proche du temple de Borobudur où il a grandi. C’est là que dès l’âge de 7 ans il pratique avec son grand-père le Pencak Silat, cet art martial que l’on retrouve dans toute l’aire culturelle malaise et que l’on pense être originaire de l’île de Sumatra. À l’Académie des Beaux-Arts de Solo (ISI Surakarta), où il enseigne actuellement, il étudie la danse classique de Java et surtout la danse de cour de Solo par laquelle s’illustrent encore aujourd’hui les palais et les familles royales de cette ville. Puis il reçoit une bourse de la Ford Foundation pour aller poursuivre ses études en Californie à l’université UCLA.
Eko Supriyanto explore tous les possibles et toutes les ouvertures que peut lui procurer la danse. Il va même jusqu’à former un duo avec Madonna dans son Drowned World Tour de 2001 ou travailler comme conseiller chorégraphique à Los Angeles pour la création et la tournée américaine du Roi Lion mis en scène par Julie Taymor. Il a dansé dans Le Grand Macabre de Ligeti mis en scène par Peter Sellars. Plus récemment il réalise la chorégraphie pour The Flowering Tree de John Adams mis en scène par Peter Sellars et créé à Vienne pour le 250e anniversaire de la naissance de Mozart. Eko est aussi l’interprète de l’un des rôles principaux d’Opéra Jawa film réalisé par l’Indonésien Garin Nugroho.
Possible Dewa Ruci est une création pour qui s’inspire du long poème Dewa Ruci, une interprétation javanaise, imprégnée de notions de soufisme, d’un épisode du Mahâbhârâta, au cours duquel Bhima, l’un des frères Pandava, est envoyé quérir la Prawitasari, eau sacrée et pure, essence du savoir et symbole de la perfection de la vie. Dans sa chorégraphie, Eko Supriyanto s’intéresse aux deux facettes du caractère de Bhima, le bon et le mauvais, à cette dualité de l’être humain, et à la quête de la pureté de l’après tout en étant ancré dans l’ici.Pour Eko Supriyanto, c’est une recherche de l’identité, de soi, le retour à l’essence du spirituel et du sacré pour entreprendre, aujourd’hui, le voyage dans la réalité de la vie.
Arwad Esber
Eko Supriyanto sera accueilli en résidence au Centre de documentation sur les spectacles du monde - Maison des Cultures du Monde à Vitré.