Les pygmées habitent les forêts d’Afrique entre l’océan Atlantique et les grands Lacs et se répartissent en différents groupes comme les Baka, Bambuti, Batwa, Babongo, Efé et autres. Traditionnellement nomades, ils sont aujourd’hui en voie de sédentarisation.
Les pygmées Aka habitent quant à eux dans les forêts du nord du Congo-Brazzaville et du sud de la Centrafrique. Ils parlent le aka et tentent de préserver leur mode de vie et leur culture en dépit de l’influence croissante du modernisme en milieu rural et de la raréfaction des ressources dans une sylve peu à peu dévastée par les agriculteurs et les exploitants forestiers.
Marginalisés et souvent exploités comme la plupart des groupes pygmées, les Aka entretiennent des rapports de clientèle avec leurs voisins bantous, accomplissant pour eux diverses tâches : chasse, pêche, collecte du miel, travaux agricoles et portage. Enfants de la forêt, les Aka savent en prendre soin car toute leur vie en dépend. Elle leur fournit le gibier et les plantes pour se nourrir, se soigner, conquérir une femme ou un homme et confectionner tous les objets nécessaires à la chasse, à la cuisine, à la récolte du miel...
La musique fait partie du quotidien et elle est pratiquée par tous. Comme l’écrit Simha Arom : « à entendre chanter un choeur aka, c’est-à-dire l’ensemble d’un campement, on retient l’impression d’un extraordinaire entrelacs de voix et de timbres vocaux où prédomine le procédé du jodel » (Encyclopédie des pygmées Aka).
Les Aka pratiquent en effet, et ce depuis l’enfance, une polyphonie vocale contrapuntique que le jodel, avec ses brusques changements de registre, rend particulièrement spectaculaire. De même, leurs rythmes tambourinés, leurs danses, leur musique instrumentale pour harpe arquée, harpe-cithare, arc musical, flûte, témoignent d’une riche culture artistique aujourd’hui menacée d’extinction.
Originaires du village de Kombola au nord du Congo Brazzaville, les musiciens et danseurs aka de l’ensemble Ndima s’attachent donc à promouvoir et à sauvegarder ce patrimoine musical et, ce faisant, nous invitent à un voyage dans les profondeurs de la forêt équatoriale. Musiques et danses de la vie quotidienne, chants des esprits de la forêt, des rites de chasse, de guérison ou de levée de deuil, nous offrent ainsi un aperçu d’une tradition immémoriale mais aussi en perpétuelle recréation.
Sorel Eta