Le Festival de l’Imaginaire s’associe au Théâtre de la Ville pour offrir un voyage musical d’une frontière à l’autre du Pakistan, au fil de deux journées bien remplies.
Venus de la province de Gilgit-Baltistan pour la première fois en France, Abid Karim et Gulbahar Shah font partie de ces quelques dépositaires ayant hérité des textes sacrés de leurs aïeux, rédigés parfois en langues anciennes, le plus souvent en persan. Représentant la nouvelle génération, la jeune Amreen, âgée de seulement vingt-et-un ans, assure sans conteste la pérennité de ces chants que son père interprétait dans les cérémonies soufies. Lorsque jaillit sa voix, claire et puissante, elle semble tout oublier pour vivre la musique comme une flamme intérieure qui habite tout son être.
Originaires du Swat, au centre nord du pays et également pour la première fois en France, Ustad Zainullah Jan et Zulfiqar proposent pour leur part une invitation à la danse. Zainullah, véritable acrobate du sétâr, et le percussionniste Zulfiqar forment depuis vingt-neuf ans un duo dont l’évidente complicité musicale se mesure à l’intensité de leurs regards. Pour ce concert, ils alterneront charbita (histoires romantiques) et rubai (poèmes d’amour).
À l’ouest du Pakistan s’étend le Baloutchistan, immense région désertique dont la frontière déborde sur le sud de l’Iran et l’est de l’Afghanistan. Les maîtres Ustâd Abdulrahmân Surizehi au benju et Abdul Wahid au suroz démontrent tour à tour avec virtuosité la richesse née de cette diversité. Après s’être laissé ensorceler par ces musiques d’exorcisme, de guérison et de transe gwâti-damâli, le luth damboura nous accompagne ensuite à Kalat, au son des chants et danses populaires du charismatique Muhammad Akhtar Chanal, et enfin à Dera Bugti, où les frères Hussain réinterprètent avec bonheur l’héritage de leur père, le grand Ustâd Sachu Khân, qui a poussé l’art du suroz à son firmament.