Transcendance du solo d'actrice
Extrapolation féminine du kutiyattam, cette dramaturgie savante, sacrée entre toutes par ses fonctions d’origine, a accédé aux théâtres européens depuis ces dernières décennies seulement.
Loin dans le temps, seuls les Nangyar (actrice-chanteuse), Chakiar (acteur), Nambiar (musicien), castes héritières des arts cultuels, composaient la troupe de kutiyattam du temple, lieu resté inaccessible aux hors-caste. Père-fondateur des spectacles traditionnels du Kérala issus du sanscrit, le kutiyattam recèle les racines deux fois millénaires d’une science théâtrale aux multiples et suprêmes exigences transmise au fil des générations sans surseoir à ses traditions. Parmi celles-ci, la technique du regard, par le flux ambivalent du ressenti, peut atteindre l’expression duelle des yeux, l’un ému, l’autre souriant…
De ce creuset fertile, préservé dans l’enclos communautaire des temples sous la férule brahmanique, émergèrent des solos aux dimensions surhumaines par la projection exacerbée et émotionnelle de la dramatisation ; le solo de la Nangyar en est un exemple. Par son environnement familial, Kapila en absorba dès l’enfance toutes les substances enrichies de l’étude du mohini attam, ajoutant ainsi à la précision rigoureuse du jeu corporel et de la gestuelle la beauté esthétique inhérente à la danse. Aujourd’hui, malgré son jeune âge, sa maîtrise a atteint un sommet et acquis une renommée incontestée.
Dans sa restitution mythologique, Kapila domine l’espace et fait feu de toutes les techniques de son art, depuis la source sanscrite psalmodiée : clé de l’épisode d’où émergeront les situations et les personnages qu’ils soient dieux, héros, animaux, ou démons ! Soutenue du déferlement tellurique des tambours mizhavu, par son charisme envoûtant, Kapila entraîne le spectateur aux confins de sa réceptivité sensitive.
Milena Salvini
Deux programmes différents
Spectacle surtitré en français – durée 90 mn
Samedi 10 octobre à 19h : « Akrura gamanam » (Le voyage d'Akrura)
Se sachant menacé par le jeune Krishna et projetant de l’assassiner, le roi Kamsa envoie Akrura le chercher dans son village pour l’inviter à la fête de l’arc. Ignorant ces projets, Akrura se remémore pendant son voyage tous les événements extraordinaires qui ont préludé à la naissance de Krishna, avatar de Vishnu.
Dimanche 11 octobre à 19h : « Kamsavadham » (La mort de Kamsa)
Devant les spectateurs assemblés dans son palais pour la fête de l’arc, Kamsa essaie de faire tuer Krishna par ses lutteurs mais Krishna se débarrasse de tous ses adversaires et met fin au règne de Kamsa. Cette représentation offre à Kapila Venu l’occasion d’une démonstration magistrale des neuf rasa ou émotions qui sont une des bases du théâtre indien.