François Guénet

Le hira gasy, l'opéra des champs Madagascar - Kaompania Rasoalalao Kavia

Propre aux plateaux centraux de la Grande Île, le hira gasy est une forme d’expression populaire associant la musique, le chant, la danse, le kabary (art oratoire) et le mime.

Les mpihira gasy ou mpilalao artistes-paysans, se produisent notamment lors des rituels tels que le famadihana (« retournement des morts ») qui ont lieu pendant l’hiver austral, de mai à octobre. On les rencontre aussi en diverses occasions festives, foires ou célébrations, et le dimanches à Isotry, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale Antananarivo où vit une population d’origine rurale.

Une représentation de hira gasy peut opposer, la journée entière, plusieurs troupes en une joute artistique dont le public est juge. Les groupes sont issus d’une même famille élargie à la communauté villageoise. Chaque « bande » tarika est identifiée par son chef et son village d’origine.
Le déroulé est identique : sasin-tehaka ou « prélude aux applaudissements », kabary (discours), reni-hira (chant principal), zanakira (« chanson enfant »), danses dihy, d’abord masculines, de type guerrier voire acrobatique, puis en couple, dont la chorégraphie s’inspire des afindrafindrao, quadrilles et polkas en vogue dans les salons aristocratiques du XIXe siècle, séquence d’adieux.

Hira gasy signifie littéralement « chant malgache », par opposition au chant vazaha ou « étranger ». Érigé en fomba (coutume ancestrale), le genre apparaît pourtant sous l’influence de mouvements européens pré-coloniaux. Son histoire est intimement liée à celle de la royauté merina et à l’introduction du christianisme dans les Hautes-Terres.
Genre syncrétique, il présente un foisonnant assemblage d’éléments. Les costumes reproduisent en partie l’habit des courtisans du XIXe siècle : tunique militaire rouge à galons pour les hommes, longues robes à volants, de couleur vive, pour les femmes. Les instruments sont pour la plupart d’origine européenne : tambour militaire (langoraony) et grosse caisse (amponga be), violon lokanga, trompette, clarinette... Dans un style remarquable, l’orchestre associe airs locaux, mélodies étrangères acquises au statut de tradition, cantiques, chansons populaires, etc.
Les chants et kabary, à la fois poétiques, provocateurs et moralisateurs, réunissent ohabolana et hainteny, la sagesse des ancêtres et les épisodes bibliques. Empreints d’ironie et de critique, les récits s’achèvent par une leçon, prônant l’harmonie sociale sur le mode d’une parenté élargie (fihavanana).

Le hira gasy se caractérise par un engagement du corps tout entier au service de l’expressivité. Les chanteurs scandent le texte d’une mimique, d’un mouvement de tête ou de la main. Par son langage basé sur la suggestion et l’émotion, le hira gasy s’adresse de façon directe au public, avec lequel les mpilalao entretiennent un lien presque fusionnel.

Troupe familiale, la compagnie Rasoalalao Kavia est l’héritière d’une longue tradition de mpilalao. Originaire du village d’Ampahimanga, dans la province d’Antananarivo, elle est l’une des plus populaires de la région et se produit pour la première fois hors de Madagascar.

Distribution

Pâquerette Rasoalalao Direction, chant, danse
Mamitian’ny vola Niirintsoa Rasarindraniaina Chant, danse
Louis Jean Chrisostome Rasoloarinirina Tambour, chant
Jean de Dieu Razafimahatratra Violon, chant
Jean de Dieu Randrianasolo Discours, chant, danse
Odéamson Louis Rakotondradafy Caisse claire, chant
Adolphe Radafiarimino Régie générale
Sonia Harinarivo niaina Chant danse
Manitriniaina Raoliarisoa Chant, danse
Vony Rakotovao Chant, danse
Alfred Leonard Rasolofomanana Trompette, violon
Narivoniaina Randrianasolo Chant, danse
Jean de Dieu Andriantianamalala Trompette, violon
Narivomanana Randrianasolo Chant, danse