Chants des pêcheurs de perles et musique de luth

© François Guénet

Concert

Samedi 7 et dimanche 8 mai 2011 - Paris

Chants des pêcheurs de perles et musique de luth Bahrein - Avec l’ensemble Qalali

Le royaume de Bahrein occupe un tout petit archipel du Golfe Persique situé entre l’Arabie saoudite et la péninsule du Qatar. Ce « jardin d’Eden » aux nombreuses sources et oasis, cette Dilmûn qui pourvoyait les royaumes de Mésopotamie en bois, cuivre et pierres précieuses, cette Tylos des Grecs et des Séleucides fut de tout temps au coeur des échanges commerciaux et culturels qui reliaient le Moyen-Orient, l’Inde et la corne de l’Afrique.

Bahrein fut aussi l’un des plus grands producteurs d’huîtres perlières de la région. Jusque dans les années 40, pas moins de 300 boutres embarquaient de juin à septembre plongeurs, matelots et parfois armateurs et marchands vers les bancs d’huîtres à la recherche des précieuses larmes d’Aphrodite. Un métier pénible que le chant aidait à supporter. Chaque bateau enrôlait un ou deux nahhâm qui avaient pour mission d’encourager les travailleurs de la mer. L’équipage répondait à leurs chants aigus et entrelacés par de longues notes graves et gutturales et un accompagnement rythmique élaboré. La nuit tombée, on se délassait en chantant des fijiri sur l’accompagnement polyrythmique des tambours mirwas et des jarres jahla.

Aujourd’hui, le pétrole a détrôné cette périlleuse activité. Elle est cependant si ancrée dans la mémoire collective que les chants des pêcheurs de perles continuent de survivre dans les dâr, les maisons de musique, grâce à des associations villageoises comme l’ensemble Qalali.

Mais les dâr sont aussi le lieu privilégié de la musique de ‘ûd, le luth arabe. Musiciens et mélomanes s’y retrouvent pour écouter les poèmes chantés par un luthiste accompagné de tambours et de claquements de mains. À la fin du xixe siècle, la morale wahhabite condamne les divertissements musicaux, au point que le grand luthiste de cette époque, Muhammad Fares, encourera des peines de prison et devra se cacher pour pratiquer son art. Dépourvues de fenêtres, souvent enterrées dans le sol, ces maisons de musique protégeront les musiciens des oreilles indiscrètes. La musique de luth se compose de courtes suites vocales et instrumentales débutant par un prélude improvisé, parfois suivi d’un poème mawwal qui introduit une série de chants strophiques, les sawt. Dans la plupart des pays du Golfe, les sawt sont des chants à danser. À Bahrein, c’est une musique savante et sérieuse, dont le répertoire se subdivise en plusieurs genres appelés ‘arubi, shami, yamâni, san‘âni, hijâzi, etc. selon leur forme ou leur origine : Syrie, Yémen, Hijâz…

L’ensemble Qalali aujourd’hui dirigé par Sa’ad al-Jaffal est un des plus anciens du pays. Il fut fondé au début du xxe siècle par les habitants du village de Qalali à l’est de l’île de Muharraq, à une époque où la pêche aux perles était encore florissante. Depuis lors, une fois par semaine, les musiciens se retrouvent dans une maison isolée pour chanter ces chants de la mer et ces sawt et les transmettre aux nouvelles générations.

Pierre Bois

Informations pratiques

Dans le cadre du 15ème Festival de l'Imaginaire
Avec le soutien du Ministère de l'Information et de la Culture du Bahrein 

Distribution

Saad Al-Jaffal, direction, nahham (chanteur principal)
Isa Al-Jaffal, nahham (chanteur principal)
Khalifa Saad Al-Jumari, chant, et ‘ûd
Yaqoob Bujaffal, chant et ‘ûd
Yusuf Al-Othman, danse
Ismaeel Mesfer, danse
Ahmed Al-Qattan, danse
Salem Hasan Ali Salem Alayan, danse
Anwar Ali Jasim Ahmed, chant ‘ûd et percussions
Shawqi Abdulla Sabt Saud, percussions et chœur
Faraj Mesfer, percussions et chœur
Mohamed Isa Al-Madhi, percussions et chœur
Ahmed Saleh Mohamed Alshabaan, percussions et chœur
Mohamed Anwar Ahmed, percussions et chœur
Adrees Bakheet, percussions et chœur
Yusuf Ebrahim, percussions et chœur
Mohamed Abdullah Isa Al-Madhi, percussions et chœur
Ahmedjuma Al-Hasan, percussions et chœur
Khaled Rashed, percussions et chœur
Khalid Al-Jaffal, percussions et chœur