La population de Java est si imprégnée par son théâtre d’ombres, le wayang kulit, qu’au XXe siècle, cet art d’origine hindouiste inspire des formes dérivées destinées à l’enseignement coranique ou évangélique ou, plus récemment, un e-wayang électronique et numérique. Mais au XVe siècle déjà, des Chinois voyageant à Java décrivent des soirées animées par un conteur qui illustre son récit en déroulant de longues toiles recouvertes d’images aux couleurs vives inspirées du théâtre d’ombres, c’est le wayang beber.
Invité en résidence à la Maison des Cultures du Monde à Vitré, l’artiste javanais Dani Iswardana Wibowo poursuit cette tradition et la catapulte dans le temps présent en replaçant les personnages du Râmâyana dans des situations contemporaines traitées sous l’angle de l’humour et de la satire. Sur papier ou sur toile, ses oeuvres aux teintes vives et au trait faussement naïf questionnent la société contemporaine, ses dérives économiques et environnementales par une rencontre, un choc, entre la poésie des figurines épiques et la trivialité de la civilisation industrielle.
Pierre Bois