Akhtar Sharif Arup Vâle
Concert

5 et 6 avril 2007 à 20h30 - Théâtre Équestre Zingaro<br /><br />176 avenue Jean-Jaurès - 93300 Aubervilliers

Akhtar Sharif Arup Vâle Qawwâli

Les nombreuses tournées internationales des Frères Sabri puis de Nusrat Fateh Ali Khan ont permis au qawwâli de devenir depuis une vingtaine d'années l'un des genres les plus célèbres de la musique indo-pakistanaise.

Avec le groupe Akhtar Sharif Arup Vâle

Akhtar Hussain, chant
Sabir Hussain, chant et harmonium
Saqlain Abbas, tabla
Sarmad Hussain,chant
Maqsood Sabir, choeur
Adrees Ahmad, choeur
Amjad Hussain, choeur
Muhammad Anwwar, choeur
Mukhtar Ahmed, choeur


Les nombreuses tournées internationales des Frères Sabri puis de Nusrat Fateh Ali Khan ont permis au qawwâli de devenir depuis une vingtaine d'années l'un des genres les plus célèbres de la musique indo-pakistanaise. Après les premiers concerts parisiens des Frères Sabri à la Maison des Cultures du Monde, et après la mémorable Nuit des Qawwals avec Faiz Ali Faiz et Mehr et Sher Ali dans le cadre du 3e Festival de l'Imaginaire en 1999 au Théâtre Équestre Zingaro, le public est invité à la découverte du groupe de Akhtar Sharif Arupwale pour ses premiers concerts en dehors du Pakistan.

Akhtar Sharif Hussain appartient à la quatrième génération de qawwals qui se sont succédés sur une période d'un siècle. Son groupe est très célèbre au Pakistan où il est connu sous le nom de « Akhtar Sharif Sabir Husain Qawwal Arup Vâle ». Ayant fait allégeance à l'ordre soufi Chishti, Akhtar et son groupe suivent la ligne tracée par Khwaja Barakat Ali du village d'Arûp dans la province pakistanaise du Penjab, village où ils vivent.Tous les jeudis, ils participent à une cérémonie qawwali et chantent au mausolée de leur maître. Ils sont les darbâri, c'est-à-dire les qawwals officiels du sanctuaire de Data Ganj Bakhsh, le saint patron de la ville de Lahore, le plus grand centre de rassemblement de qawwals au monde. Ils ont ainsi obtenu le droit exclusif de porter le drap sacré depuis l'espace réservé au concert jusqu'au mausolée de ce saint et cela pendant les 25 dernières années, un privilège qui ne fut même pas accordé à Nusrat Fateh Ali Khan. Le père de Akhtar Sharif, Muhammad Sharif Khan a appris l'art et la musique du qawwali auprès de Fateh Ali Khan, le père du légendaire Nusrat.

Quant à Akhtar, il a étudié avec l'un des groupes les plus importants, Bakhshi Salamat. Notons qu'à chaque fois que Nusrat Fateh Ali Khan se produisait chez lui, ou qu'il organisait un concert de qawwali à son domicile, le seul groupe qu'il invitait à chanter devant sa famille était celui d'Akhtar. Akhtar Sharif s'est appliqué à transmettre son art à son fils Sarmad Hussain qui se tient désormais à l'extrême droite du premier rang. Le groupe a fait ses débuts à la radio et à la télévision au Pakistan en 1967 et n'a cessé depuis de gagner en notoriété. La télévision pakistanaise leur a décerné la plus haute distinction, celle d'« exceptionnel ».Alors que les qawwals d'aujourd'hui se forment en écoutant des enregistrements (raison pour laquelle ils sont connus sous le nom désobligeant de « cassette qawwals »),Akhtar a développé un style de chant unique où la musique sert à magnifier le texte sans recourir au moindre trucage ornemental. Ainsi, sa manière de découper les phrases poétiques (bôl bânt) est totalement différente de celle des autres qawwals. De même, les incursions poétiques et les citations d'autres auteurs qu'il ajoute au texte principal afin de l'éclairer sont toujours choisies avec beaucoup de justesse ; elles mettent remarquablement en valeur le thème principal du poème et contribuent à transmettre le message essentiel de chaque pièce de qawwali. La rythmique énergique est assurée par le joueur de tabla Saqlain Abbas, qui fut l'élève du légendaire joueur de tabla qawwali Gajro (litt. la foudre). Pour renforcer les coups les plus graves, il joue de la timbale bayan de la main droite, qui est plus puissante (au lieu de la main gauche comme le veut la coutume) et fait ainsi entendre de subtiles modulations dans les sons graves, en frappant et en pétrissant la pâte humide (atta) étalée sur la peau de l'instrument. À cela s'ajoutent les voix et le rythme explosif et parfaitement en mesure des claquements de main vigoureux exécutés par le choeur des jeunes hommes qui constituent la deuxième rangée. À sa gauche, Akhtar est soutenu par la voix douce de son jeune frère Sabir Hussain qui complète la voix puissante du leader avec de jolis mélismes accompagnés à l'harmonium. Son jeu d'harmonium n'a jamais eu d'égal, sinon celui de Farukh Fateh Ali Khan, le frère de Nusrat. Le deuxième harmonium joué par Javed Akhtar et Sarmad, le fils d'Akhtar, répond au duo des deux frères.

Le répertoire du groupe comprend des textes soufis en penjabi, purbi et persan, les langues liturgiques du qawwali dans le Penjab. Leur répertoire en urdu est aussi très important et quelques textes en arabe, plus rares, viennent compléter ce répertoire. Baba Bullhe Shah et Khwaja Ghulam Farid sont leurs deux poètes favoris, sans oublier les textes fondateurs de Amir Khusraw, qui fut le créateur du qawwali tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Addam Nayyar