Avant l'arrivée des Espagnols au milieu du XVIe siècle, les Llanos étaient habités par des tribus d'Amérindiens. Aujourd'hui c'est une population de mestizos qui partage avec les jaguars, les pumas, les anacondas et les caïmans quelques espaces de cette terre encore sauvage dans sa quasi totalité.
Les llaneros, habitants des Llanos, sont les premiers garçons vachers, ou cowboys, des Amériques et travaillent dans de grands ranchs ou Hatos, isolés dans ces vastes étendues de terre. Leur dialecte comporte encore des expressions et des tournures espagnoles inchangées depuis le XVIe siècle. Sous leur chapeau distinctif, ces hommes semblent indifférents à la chaleur ou au froid, et vont souvent pieds nus. Machos par excellence, Simón Bolivar a dû compter avec ces cavaliers qui se sont révélés de redoutables guerriers, s'appelant eux-mêmes « centaures », pour mener à bien sa guerre de libération.
Orlando « Cholo » Valderrama est un des plus grands chanteurs llaneros de Colombie. Avec 25 ans de carrière musicale, il est le compositeur et l'interprète de la tradition des llaneros le plus reconnu dans son pays. Né dans la ville de Sogamoso dans le Boyacá, il était encore au berceau quand ses parents sont venus s'installer dans la région des Llanos. Il a ainsi passé son enfance avec les paysans llaneros manifestant depuis son plus jeune âge un grand amour pour les chevaux, amour qui ne cesse de croître au fil des ans. Ses premières rencontres avec la musique se sont faites pendant les bals et les fêtes de villages où l'on chante le corrido, un chant narratif dont l'origine serait la romance espagnole, accompagné d'une harpe, d'un ou de plusieurs cuatros (petite guitare à quatre cordes) et de clavellinas (petites maracas). Dans ces bals, on dansait aussi le joropo et le galerón aux rythmes complexes et typiques des plaines de l'Est de la Colombie où l'influence espagnole se fait encore sentir. Orlando Valderrama est venu progressivement à la chanson, jusqu'à lui consacrer toute sa vie.
C'est à ses succès consécutifs dans les innombrables concours et rencontres de chanteurs llaneros qu'il doit ce surnom de « Cholo » que lui donnèrent les llaneros en signe de reconnaissance et de respect. Succès autant en Colombie qu'au Vénézuela, région llanera par excellence où il reçut le « Florentino de Oro », la principale distinction décernée aux chanteurs llaneros. La voix et le chant poignant de Cholo reflètent la fierté des llaneros, fiers de leur vie dure et sans concessions, une vie en intimité avec une nature sauvage, depuis le berceau jusqu'à la tombe.
Arwad Esber
